Grant est un mec terre à terre. Quand on a rassemblé les éléments de sa biographie il a dit : « Nan mec, tout ça c’est de la merde. Je suis juste un mec avec sa guitare. Il faut que vous racontiez l’histoire sans passer par quatre chemins ». Donc on s’est dit, qui pourrait mieux raconter sa vie que Grant lui-même ? Ce qui suit est sa biographie, sans connerie inutile et sans détour – GH Management.
Biographie par Grant Haua
J’ai commencé la guitare à l’âge de 13 ans. Mon petit frère en avait reçu une le Noël précédent et j’ai remarqué que ça attirait les filles à l’école. Je me suis dit « bordel j’ai besoin d’un truc comme ça », mais malheureusement pour moi mon frère était plus beau et jouait mieux que moi, donc mon plan n’a pas vraiment fonctionné comme je l’avais prévu. En tous cas j’ai continué à jouer et je joue toujours depuis.
Je pense avoir fait mes preuves mais c’est difficile à savoir quand on grandit et qu’on fait des concerts dans un petit pays comme la Nouvelle Zélande. Habiter dans un village de moins de 100 000 habitants ça donne envie de se donner à fond pour faire face aux artistes de l’autre côté de l’océan, et c’est ce que j’essaye de faire depuis 10 ans et ce que je continuerai à faire. Je ne cherche pas à être meilleur que certains artistes ou certains groupes, je cherche à produire un spectacle à la hauteur des meilleurs d’entre eux, de voir et de sentir la foule s’amuser, c’est ça la vraie récompense (et parfois même la seule).
J’ai été le chanteur principal, l’auteur et guitariste sur 7 albums ces dernières années, dont 5 qui sont sortis ces 9 dernières années. Mon premier album solo, « Knucklehead », est sorti en 2010 et a reçu de bonnes critiques dans le plus grand magazine de musique néo- zélandais NZ Musician (même si je n’accorde pas trop d’importance aux critiques). L’article qu’ils ont écrit sur ma musique m’a ouvert quelques portes dans le monde des festivals locaux. Une chose en a entrainé une autre et j’ai fini par rencontrer le batteur Michael Barker (Neil Finn, John Butler Trio). On s’est bien entendu et on a formé le groupe « Swamp Things » et durant les 8 années qui ont suivi on a composé ensemble et on a fait de nombreuses tournées.
Mike (Michael) était déjà un habitué de l’industrie du disque et le fait qu’il ait été dans des groupes ayant fait des émissions de télé connues est vite devenu un avantage pour nous et dès le départ on a pu jouer dans festivals dans lesquels il était dur de rentrer et très vite nous sommes devenus les têtes d’affiches de festivals en Australie et en Nouvelle Zélande.
On a ainsi pu se produire notamment sur des festivals comme le Womad (NZ), le Womadelaide (Aus), le Woodford Folk Festival (Aus), le Bridgetown Blues (Aus) et l’Electric Avenue (NZ). C’est sur ces scènes qu’on a vraiment explosé, vendant souvent plus de CD que la plupart des artistes très connus qui s’y produisaient. Ainsi, après notre performance au Womad en 2017 à New Plymouth on a occupé les places de n°1 et de n°2 des ventes en Nouvelle Zélande.
En 2016 on a été invité en Louisiane par la Baton Rouge Arts Society. C’est là que je me suis vraiment affirmé en tant que musicien. On avait l’impression que tous les artistes présents étaient des tueurs. Nous sommes partis à la guerre et on a coupé quelques têtes et vers la fin de notre séjour nous étions devenus les stars de la ville. Nous sommes apparus au journal télévisé local et ça nous a permis de nous faire connaître et de rencontrer de bons amis et contacts qu’on a amené par la suite en Nouvelle Zélande pour quelques concerts.
En Janvier 2019, après de très nombreuses tournées en Australie et Nouvelle Zélande, j’ai décidé de quitter Swamp Things pour me concentrer sur la musique que j’aime vraiment, la soul. Et depuis tout va bien.
La création d’Awa Blues
On avait quelques certitudes en tête pour ce nouvel album, la première étant qu’il était attendu depuis longtemps. En effet, mon dernier album solo était sorti il y a 10 ans et ça me semblait être une bonne raison pour en sortir un nouveau !
Sur mon dernier album, toutes les chansons avaient été enregistrées en une prise. Je m’entraînais deux fois et on enregistrait la troisième fois. On ne recommençait pas. C’était la prise qui serait sur l’album. Le concept de ce disque c’était d’enregistrer dans les conditions du Live. Et ça fonctionnait bien parce les gens ont pu ressentir une honnêteté forte et intense dans les compositions auxquelles ils ont pu s’identifier.
Sur le nouvel album j’ai voulu aller un peu plus loin. Garder l’aspect acoustique mais en ajoutant quelques instruments. On a peaufiné plus longtemps chacune des chansons mais en gardant ce côté un peu rugueux. J’espérais ainsi, en ne me prenant pas trop au sérieux, proposer des morceaux vraiment bons et professionnels. Voilà ce que j’avais en tête pour cet album.
Evidemment, j’avais quelques idées de chansons en tête. Je suis assez détendu quand il s’agit de composer. Je n’aime pas vraiment me prendre la tête avec cela. Ça peut être vraiment mauvais et contre-productif quant à la quantité et la qualité des titres.
Par ailleurs, j’ai toujours beaucoup lu. Ça m’a permis d’avoir un vocabulaire beaucoup plus étendu ce qui est très pratique quand on essaie d’écrire des chansons sans se prendre trop la tête.
Certaines chansons sont venues toutes seules une fois qu’on a commencé à enregistrer comme par exemple « Addiction ». Elle tourne dans ma tête depuis très longtemps, une chanson très personnelle. Beaucoup peuvent s’y identifier parce que c’est une chanson sur une relation en péril. L’histoire d’un garçon qui perd une fille, si vous voulez. Tout ce qu’il faut pour faire une bonne chanson de Blues n’est-ce pas ?
C’est seulement lorsqu’on a commencé à enregistrer la chanson que je me suis rendu compte de ces petites histoires à l’intérieur de l’histoire que j’avais écrit inconsciemment, sans y penser vraiment. Ces petites histoires étaient toutes vraies et couvraient de nombreux sujets sans vraiment comprendre comment j’avais fait. Mais ce n’était pas grave car moi je savais pourquoi.
Maintenant il fallait accorder la musique avec les paroles et grâce aux paramètres que je m’étais imposé j’ai réussi. Enfin c’est ce que j’aime me dire !
Quand j’ai enregistré la chanson « This Is The Place », l’émotion que j’ai ressenti en chantant m’a vraiment prise par surprise. J’étais au bord des larmes tant j’étais immergé dans la chanson. Elle m’a littéralement happé ! J’avais des flashbacks de ma mère, de mes vieux amis d’enfance, de ma femme, mes enfants et mon père ! Bref tout le monde ! C’était très intense mais tellement réel, on ne peut pas se mentir avec ce genre de chose. J’adore vraiment ! On a décidé de garder la première prise comme j’avais l’habitude de faire pour le 1er album !.
J’ai vécu une expérience quasi similaire en enregistrant « Tough Love Mama » mais pas aussi intense car la chanson est plus axée sur l’humour. On s’est bien amusé avec cette chanson et c’est exactement ce qu’il fallait faire parce que ça m’a permis d’avoir plus de contrôle sur les paroles, sur la façon de jouer des instruments. Ce qui a permis de créer une chanson plus authentique et sincère.
Se baser sur des expériences personnelles et des relations peut mettre beaucoup de poids sur une chanson mais c’est la manière dont elles sont racontées qui en fait une chanson réussie. Des titres comme « Devil is a Woman », « Keep on Smiling », « Got Something », « Mama’s Boy » ont toutes un 2nd degré humoristique. Je les ai écrites de la même façon que « Tough Love Mama ».
Pour les chansons comme « My Baby », « Better Day », et « Be Yourself », je les ai écrites comme « Addiction » ou « This is the Place ». Elles ont toutes un sujet différent mais elles ont été enregistrées avec la même attitude et les mêmes idées en tête. La connexion personnelle à la chanson n’avait pas d’importance tant que j’utilisais les bons ingrédients pour l’écrire.
Heureusement pour moi, les musiciens avec lesquels je travaille se sont vite adaptés au concept général de l’album.
Les sentiments et les images que j’essaie de faire passer à travers cet album sont plutôt simples. J’aime énormément la simplicité. J’aime la nourriture simple mais délicieuse. Je veux que mes chansons soient aussi satisfaisantes qu’un bon diner dominical fait maison. Une mélodie aussi bonne que de manger une huître directement dans sa coquille. Une guitare aussi formidable que de boire une grande bière bien fraîche une journée d’été.
Je veux que les auditeurs de l’album se sentent comme chez eux dans ma maison. Et comme mes chansons, ma maison est simple, chaleureuse, et accueillante. Enlever ses chaussures n’est pas obligatoire et on peut se servir de ce qu’on veut. La bouilloire est chaude et il y a des bières au frais. Il y a le bouillon de ma grand-mère qui cuit sur le feu et du pain frais dans le four. Alors bienvenu. C’est chez moi. Kia Ora koutou.